Nadia,
Je visitais sur la base du hasard ton blogue que je connaissais beaucoup moins, La porte rouge (j'ai compris maintenant que ta couleur de prédilection est le rouge). Bien sûr, il s'agit d'un bien joli blogue, les photographies que l'on y retrouve, comme sur One silent winter, sont exquises et encadrées dans une esthétique qui balaie du revers de la main les bases du formalisme en tant que matériau d'expression. Il s'agit d'une fenêtre ouverte sur ton environnement immédiat et, parfois, plus élargie. Il s'agit, en réalité, de toi. Au moins une lézarde dans une partie de ta vie, et par laquelle, pour nous qui accédons à cet univers, tu te rends à certains égards transparente. Un peu comme le trou dans la serrure d'une ancienne porte. Une porte rouge, oui, si tu veux. Toutefois, cette présentation de la partie de ta vie que tu veux bien offrir suppose un travail de création. Une mise en scène, quoi. On prépare le terrain, on ajoute ceci, on retranche cela. Un peu comme un théâtre, non? Voilà, on pourrait dire que tes blogues prennent la forme d'un véritable théâtre muet. Des images circulent - je dirais même se structurent dans une sorte de parade -, elles passent, elles murmurent sur la base d'un frêle frémissement quelquefois, tu sais, comme une sensation rafraîchissante d'un amour nouveau, le frisson que sa pensée peut procurer en superficie du coeur. Théâtre, donc. Mais tout cet univers théâtral me paraît si construit, si bien aménagé, que j'en reçois aussi, par ailleurs, parfois, un sentiment de fragilité, comme si un filet de brise, un grain de sable qu'il apporterait jusque dans sa mécanique, l'ombre d'un nuage encore pourraient, à tout moment, jeter au sol cette architecture teinte d'un certain art, sinon la briser, du moins en disloquer la structure. Voilà, je sens une grande fragilité entourant l'univers de chacun de tes blogues. Un peu aussi comme une lumière de cristal: le soir finit toujours par survenir et tout se tait. Les rideaux du théâtre se referment sur un monde de surface.
Au théâtre se trouvent des personnages aux caractères divers. Tu évoques parfois, en nous la montrant dans différents moments de sa vie, ta chienne Sophie. Parfois il nous a aussi été donné de voir des enfants égayés sur tes blogues, une petite fille (peut-être la tienne) à la chevelure quasi mystique et gonflée de vent. J'ai déjà aperçu un magnifique cheval qui, par l'éclat de sa présence dans un contexte climatique d'une beauté poétique, sinon onirique, semblait appartenir à un conte médiéval. Et il a été fait mention, tout dernièrement, d'un homme que tu racontais être ton mari. Je t'avoue que je fus sidéré d'apprendre que tu étais mariée. Je m'étais, depuis que nous échangeons quelques courriels de temps à autre, rangé derrière l'idée solide comme un barrage que tu vivais seule dans ta maison, avec ta chienne Sophie. Par ailleurs, je n'ai jamais pu réellement souffler le nuage de mystère avec lequel tu voiles ta vie quotidienne, concrète. Tu t'entoures, délibérément ou non, je ne sais pas, d'un grand drap derrière lequel nous ne pouvons t'apercevoir. Ce que tu acceptes de placer sur tes blogues finit par aviver l'idée chez moi selon laquelle tu ouvres un chemin sur lequel tu espères que les visiteurs marcheront. Tu les diriges. Je parlais de théâtre. Au théâtre, tout est contrôlé, calculé, évalué.
Voilà ce que j'avais envie de te raconter aujourd'hui.
Bonne journée.
Au revoir.
The Fox
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Dear Poet,
Today, you woke with plan you were going to befriend a fox. I listened as
you spoke about how you would follow it's track trough the forest a...
2 comments:
oh mais c'est bien écrit tout ça.
et comment, très très bien écrit. Le théâtre...c'est si vrai. Dans tous les cas, une très belle approche du Toi :)
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